Promesses de la citoyenneté

A l’ESPE (école supérieure du professorat et de l’éducation), deux associations ATLLAS (Association pour tisser des liens solidaires) et RECIT (Réseau des écoles de citoyen) ont organisé ce mercredi soir, durant 3 heures un grand débat autour de l’éducation à la citoyenneté avec trois invités Philippe Meirieu , Emmanuelle Buffin et Dominique Janin-Duc.

Les enjeux du débat sont posés :

Du point de départ : « On ne peut pas laisser ce monde dans l’état ou il est » au but « l’éducation du citoyen, l’affaire de tous », se pose la question des moyens « comment promouvoir les actions d’éducation à la citoyenneté au niveau local ? »

Notes et réflexions

La citoyenneté est un terme qui pose problème car chacun en donne sa définition, sa spécificité. Hors nous avons besoin de bien nous comprendre pour œuvrer ensemble. Le concept de citoyenneté apparaît un trépied qui repose sur les trois pôles du statut, de la posture et du devenir. Chacun des intervenants dans leurs interventions d’introduction ont nourri ces pôles.

Le citoyen est une personne qui appartient à une communauté, un territoire avec des droits et des devoirs. Un des devoirs est d’exercer son droit de vote. Le citoyen est un sujet dans le groupe, sujet assujetti aux lois du groupe et aussi sujet en devenir : ce qui UNIT et ce qui LIBÈRE, ce qui fait bien commun dans l’acceptation du même et de la diversité culturelle, de la singularité de chacun. Chacun est plus ou moins citoyen des différentes échelles de territoire : du quartier, de la ville, la métropole …. et du monde.

La citoyenneté est une expérience qui se vie au quotidien. C’est une posture de l’habitant, posture qui l’habite en permanence. Cinq axes peuvent définir cette posture :

  • Cohérence entre le dire et le faire – respect et considération de l’autre
  • Respect des règles avec la capacité de les discuter de les aménager et exceptionnellement de les enfreindre pour un enjeu supérieur
  • Etre contributeur (mutualisation et solidarité au service de la société)
  • Engagement dans la vie de projets partagés
  • Vivre la diversité, la singularité et la promouvoir
  • Etre capable de choisir, être une personne éclairée

Devenir citoyen questionne le terme d’éducation à la citoyenneté. Comment conduire le jeune à la citoyenneté car l’enfant ne naît pas citoyen, il le devient grâce à la transmission et à l’exemplarité des adultes. A la différence de l’abeille qui naît « royaliste » génétiquement, l’enfant, génétiquement possède la capacité d’apprendre par les langages, les expérimentations et le mimétisme et ainsi de pouvoir grandir en humanité. L’enfant par mimétisme se conforme à la posture des adultes d’où l’importance de la cohérence entre le dire et le faire, entre le transmettre et le pratiquer.

Au-delà de l’enfance qui nécessite protection de la part des adultes, les jeunes comme les moins jeunes et les seniors ont nécessité à maintenir cette posture éducative : apprendre ensemble à grandir en humanité. La citoyenneté peut être perçue alors non plus comme un statut ou une posture mais plutôt comme une compétence ou un métier à développer et à réinventer chaque jour. Car le monde change vite et même trop vite. Les mutations sociétales que nous devons affronter aujourd’hui et demain bouleversent une partie des compétences acquise de la citoyenneté. Le simple transmettre des acquis ne suffit plus. Ce qui nous unit ne sont plus seulement les savoirs acquis mais les questions nouvelles sans réponses. La compétence de citoyenneté à développer aujourd’hui pour vivre demain dans les territoires est une banque de question pour faire face à l’hyper modernité. Cette banque de question concerne les nouvelles formes de gouvernance de chaque personne, de chaque famille, de chaque communauté de destin (croyances, idéaux et engagements spécifiques) et des communautés de territoires.

Ce qui nous unit ce sont les questions. Ce qui nous libère, nous responsabilise et nous conduit à l’expérimentation ce sont les réponses singulières individuelles et collectives que nous apporterons. Comme le dit Gilbert Simondon, nous sommes engagés dans des processus d’individuation psychique et collectif pour combattre l’individualisme consumériste aliénant. Articuler singularités individuelles, singularités collectives (communautés de destin) pour faire vivre et prospérer cette diversité culturelle dans un territoire donné est le véritable enjeu de la compétence de citoyenneté pour demain. La citoyenneté devient une compétence à développer de manière intergénérationnelle. Ce ne sont pas seulement aux enfants d’aujourd’hui à construire la citoyenneté de demain, nous sommes tous concernés. Les rôles éducatifs s’inversent, s’entrecroisent et surtout se fertilisent.

En conclusion – Des verbes porteurs pour notre banque de questionnement, nouvelle monnaie de richesse locale :

  • Décélérer : se donner le temps de la réflexion sereine
  • Symboliser : sens, langages, mémoires, médiations artistique et culturelles
  • Expliciter : rigueur dans la compréhension de l’autre grâce à la reformulation
  • S’enrichir : se cultiver (sciences, arts, spiritualités, politiques ou stratégies)
  • Ritualiser : célébrer les étapes (communautés de famille, de destin et de territoire)
  • Coopérer : développer les modalités de gouvernances (responsabilités tournantes)
  • Habiter : vivre dans des espaces hospitaliers et de ressourcement, dont la terre patrie

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